#2 - Choisir ses programmes

Il y a des situations du quotidien qui se passent toujours comme on ne voudrait pas.

On a beau avoir pris 547 résolutions, compris qu’on n’avait pas les bons réflexes, être persuadées de connaître la recette pour que les choses se passent comme on pense qu’elles devraient, à chaque fois, c’est la même chose.

Dans l’épisode 2 de Vies de Mère, je vous explique pourquoi (c’est une histoire de programmes 🤓), et surtout comment vous pouvez trouver une issue plus agréable à ces situations qui vous embêtent et modifier vos pensées par défaut.

Tout ce que nous faisons et pensons, nous l'avons appris

Tout ce que nous faisons, tout ce que nous pensons, ce sont des apprentissages que nous avons fait tout au long de notre vie, et l’ensemble de ces apprentissages constituent notre carte du monde, dont je vous parlais la semaine dernière dans l’épisode 1.

Un certain nombre de ces apprentissages sont des programmes au sens de la PNL, c’est-à-dire qu’ils sont devenus automatiques pour nous. Nous les avons répétés tellement de fois que lorsqu’ils sont à l’œuvre, ce n’est plus notre volonté consciente qui nous guide, mais nos automatismes.

Marcher, manger, boire, tendre la main en retour à quelqu’un qui nous la tend, pousser une porte pour l’ouvrir, toutes ces actions, nous les faisons sans vraiment y penser : ce sont des programmes. Sont des programmes aussi les pensées, les jugements qui nous viennent spontanément lorsque l’on observe notre environnement. Par exemple, le fait de considérer que quelqu’un est violent quand on le voit frapper quelqu’un d’autre, c’est un programme : nous l’avons entendu, pensé et ressenti tellement de fois que nous ne nous posons plus la question de ce que nous en pensons.

Puisque (presque) tout ce que nous faisons et pensons sont des apprentissages, la bonne nouvelle, c’est que l’on peut tout apprendre !

Dans la mesure où nous avons tous un cerveau goupillé grosso-modo de la même manière, si l’on repère quelque chose que quelqu’un fait bien, on peut tout à fait modéliser ce qu’il fait pour obtenir des résultats similaires à ceux qu’il obtient et que l’on trouve satisfaisants.

La deuxième bonne nouvelle, c’est qu’on peut tout réapprendre. Et c’est ce qui va nous intéresser particulièrement aujourd’hui, car c’est une méthode ultra efficace pour réussir à amener des changements durables, notamment dans les situations du quotidien qui se répètent et qui nous posent problème.

 

On peut tout réapprendre, même les automatismes

Les quatre composantes d'un programme

Dans le détail, un programme est constitué d’un enchaînement de 4 éléments.

  • Un / des stimulus : c’est le point de départ, quelque chose que l’on perçoit via nos 5 sens (vue, odorat, toucher, ouïe, goût)
  • Une / des pensée(s) : en PNL on dit un « processus interne », un enchaînement de pensées qui interprète le stimulus que l’on vient de percevoir, lui donne un sens
  • Une / des émotion(s) : un ressenti, qui découle du sens que l’on a attribué à la situation / au stimulus
  • Une / des actions(s) : les comportements que l’on adopte pour influencer la situation, en réponse au stimulus, pour obtenir le résultat que l’on souhaite.
Tout ceci peut se passer de manière complètement inconsciente, involontaire, du début à la fin. Dans les situations qu’il connaît, le cerveau met met tout simplement en place le ou les programmes qu’il connaît qui correspondent à cette situation. ET même dans les situations nouvelles, où l’on pourrait se dire que le cerveau va chercher à tout comprendre et créer un nouveau programme de toutes pièces, ce coquin va chercher à s’économiser en essayant de se calquer sur les programmes qu’il connaît déjà et qui correspondent à des situations qu’il juge similaires.
 
Et c’est précisément ce mécanisme-là qui faut que même si vous avez pris 567 résolutions pour arrêter de zoner sur Instagram 2h avant de vous coucher, pour arrêter de faire tout ce qu’il y a à faire pour les autres quitte à zapper ce que vous aviez prévu pour vous, [insérez votre situation-problème ici], vous n’y êtes pas encore tout à fait parvenue.

Vous croyiez maîtriser tout ce que vous faisiez ? Ah, ben pas vraiment… Sorry !

3615 ma vie : le brossage de dents de Mini

Ma situation-problème à moi en ce moment, c’est le tunnel du soir. Plus particulièrement, ce moment ultime, le début de la fin, celui où je commence à apercevoir la paix (aka le moment où tous les kids sont couchés et où je peux me retrouver seule avec moi-même OU avec Chéri, au choix). J’ai nommé l’avant-dernière étape du rituel, juste avant l’histoire lue au lit, LE BROSSAGE DE DENTS

Ce qui se passe 9 fois sur 10, c’est qu’au moment où je voudrais qu’il vienne fissa pour que je lui brosse les dents (et que je puisse l’expédier ensuite au dodo), Mini joue, teste son pas de mini-fourmi-d’Afrique, se rappelle qu’il a quelque chose de super important (ou super long) à raconter, bref, il vient pas fissa.
(Si vous vous dites, AH ce serait pas le stimulus, ça, le Mini qui vient pas ? Vous avez gagné).

Le fait qu’il ne vienne pas, Mini, cela ne veut rien dire en soi. Ca peut signifier un milliard de choses, et je ne sais absolument rien, objectivement, des raisons qui font que Mini ne vient pas. En revanche ce que je sais bien c’est que moi je suis fatiguée de m’être coltinée le triple tunnel et que j’ai envie que cette histoire se termine. Et donc ce qui me vient, 9 fois sur 10, ce sont des pensées de l’ordre de : « Il recommence », « Il va encore mettre mille ans à venir », « je suis crevée j’ai envie d’aller me coucher », « ça va encore finir avec beaucoup trop de décibels ». 
Je pourrais penser qu’il sait que c’est bientôt le moment du coucher où il se retrouve seul dans sa chambre, et qu’il préfère prolonger le temps où il est en interaction avec nous.
Je pourrais penser qu’il se sent en insécurité dans son attachement et qu’il y a quelque chose à creuser pour qu’il soit rassuré.
Mais sur le moment, mes pensées par défaut, elle se résume à « VITE ». Vous noterez le score bienveillance médiocre de ces pensées, jugez pas j’y travaille, j’ai dit.

Ces pensées par défaut-là, elles entraînent pour moi un cocktail Molotov émotionnel : urgence (VITE), frustration (je vais pas pouvoir me poser tout de suite alors que j’en ai envie, colère (il me cherche), déception (ça va encore mal se passer). Régalade.

Et cet état émotionnel, il me conduit assez rapidement à perdre patience, à lui crier de se dépêcher, et la situation finit évidemment en eau de boudin : le rituel du coucher finit en drame et prend évidement 28h de plus que si je ne m’étais pas énervée.

 

Identifier le programme à l'œuvre

Alors si vous aussi vous avez une situation-problème à laquelle vous souhaitez remédier, commencez par décortiquer le programme qui est à l’œuvre pour vous. Pour ce faire, munissez-vous du support de votre choix (feuille blanche pour les minimalistes, joli carnet préféré pour les bonnes élèves, notes du smartphone pour les geekettes) et numérotez 5 lignes, de 1 à 5 donc.

  1. Stimulus : dans cette situation, quel est le point de départ, celui qui constitue le point de bascule ? Qu’est-ce que vous voyez, sentez, entendez, touchez, qui vous fait partir en sucette ?
    (Ex : Mini ne vient pas quand je l’appelle)
  2. Pensées : qu’est-ce que vous vous dites, précisément, à propos de ce stimulus ?
    (Ex : il me provoque)
  3. Emotions : quelles émotions ressentez-vous ?
    (Frustration, colère)
  4. Actions : quels comportements adoptez-vous ? Que faites-vous dans cette situation ?
    (Cris, ton de voix sec / autoritaire)
  5. Quel est le résultat de cet enchaînement, et qu’en pensez-vous ?
    (Le moment du coucher se passe dans la tension, ce n’est pas ce que je veux ni pour Mini ni pour moi)

Ca, c’est la première étape. Le chemin aller. La deuxième étape, ça va être de faire le chemin retour, en partant du résultat que vous souhaitez obtenir dans cette situation.

Choisir une pensée alternative

Et le chemin retour, le voici :

  1. Quel résultat je voudrais obtenir ?
  2. Quelles actions pourraient me mener à ce résultat ?
  3. Quelles émotions pourraient me permettre d’agir dans le sens que je souhaite ?
  4.  Quelle pensée induirait ces émotions ?
Si je reviens à mon brossage de dents du soir, je voudrais agir calmement, patiemment, et pour ça j’ai besoin de ressentir du calme (haha). Je sais que dans cette situation ce qui me fait perdre patience c’est un sentiment d’urgence, le fait de me sentir pressée DONC, ce que j’ai choisi de me dire, c’est : « J’AI LE TEMPS ».
 

Mais comme l’avez compris en lisant mon topo il y a quelques lignes, choisir une pensée alternative qui soit susceptible d’entraîner des émotions plus à même de favoriser le comportement qu’on voudrait adopter, cela ne suffit pas.

Votre pensée alternative, faites-en une pensée-fétiche

Les clés : répétition et indulgence

Votre pensée alternative, faites-en votre nouvelle pensée-fétiche. Ecrivez-la sur votre carnet préféré, sur des post-it déposés dans des endroits stratégiques (si vous étiez dans ma situation je vous suggèrerais le miroir de la salle de bains, au hasard).

L’objectif, c’est qu’elle remplace votre pensée par défaut, et votre pensée par défaut elle est là parce qu’elle a été répétée beaaaauuuuucoup de fois. Votre cerveau va donc vous la proposer, et vous la re-proposer, sans que vous ne vous en rendiez compte. C’est parce que vous allez lui répéter votre pensée alternative qu’il va finir par la programmer à la place de votre pensée par défaut.

Cela vous demandera du temps, et de l’indulgence envers vous, mais vous y arriverez, step by step !

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