#4 - Le plus petit pas possible

Comment tenir ses résolutions ? Voilà la question qui m’a été posée sur Instagram début septembre. 

La personne qui me l’a posée avait fait sa rentrée depuis trois semaines (team juillettiste a priori !) et se retrouvait déjà engluée dans son quotidien. Elle avait pourtant pris des résolutions de rentrée, qu’elle avait soigneusement choisies et planifiées. Mais après un peu plus de deux semaines seulement, elle me confiait ne plus s’y tenir et être très déçue d’elle-même.

En ce premier jour d’automne (cet épisode sort le 21 septembre), où probablement beaucoup d’entre nous sommes en train de partager ce constat de résolutions qui retombent un peu comme un soufflé, j’ai trouvé que la question tombait à point nommé !

La résolutionnite aigüe des perfectionnistes

Les bonnes résolutions, elles sont souvent révélatrices d’une petite couche de perfectionnisme sous-jacente. Plus exactement, ce ne sont pas tellement les bonnes résolutions en soi qui sont révélatrices de perfectionnisme, mais la manière de les prendre et de les « poser ».

Si vous avez une tendance au perfectionnisme, vous avez peut-être une résolutionnite aigue, à certaines périodes. 1er janvier, rentrée, peut-être même le début de chaque mois, vous voilà pleines d’ambition sur quantité de domaines où vous voulez faire différemment (et si vous êtes perfectionniste différemment ça veut évidemment dire « mieux »).

 

Vous êtes probablement convaincue par le pouvoir des habitudes, des fameux 21 jours pour mettre en place une nouvelle habitude, 90 jours pour un réflexe. Et vous listez des résolutions : faire du yoga tous les matins, méditer, faire du sport trois fois par semaine, arrêter de crier dans les tunnels du matin ou du soir, réduire votre consommation de viande, faire une détox numérique… You name it !

Un plan parfait pour devenir "la meilleure version de soi-même"...

Parce que c’est très souvent comme ça quand on est perfectionniste, et que l’on entreprend quelque chose de nouveau, on est tout feu tout flamme. On a en tête cette vision idéalisée du résultat que l’on veut atteindre, et on n’est généralement pas du tout prêt à accepter un résultat différent. C’est exactement ça que je vous expliquais dans l’épisode de la semaine dernière, le numéro 3.

Donc vous partez sur la méthode dure : vous mettre à la méditation, c’est 10 min mais tous les jours. Le sport, c’est trois fois par semaine minimum. Parce que vous êtes tellement convaincue de l’intérêt de ce que vous avez choisi pour vous, tellement convaincue que c’est la bonne manière de faire, vous y avez pensé tellement de fois, que c’est devenu une évidence que vous ne pouvez plus faire autrement. 

Vous créez doucement mais sûrement une opposition entre la personne que vous êtes maintenant (pas suffisante, pas compétence, pas saine, pas sportive, [insérez ici l’adjectif de votre choix]), et la personne que vous serez une fois que vous aurez mis en place cette résolution que vous avez soigneusement choisie, cette personne plus suffisante, plus compétente, plus saine, etc etc etc). Cette « meilleure version de vous-même » (vous aurez compris que je ne suis absolument pas fan de cette expression).

La mise en place de votre résolution, vous l’avez peut-être même déclinée en journée idéale, semaine idéale, ou pause dej idéale, ou que sais-je encore d’idéal. Pour peu que vous soyez addict d’Instagram ou des réseaux sociaux (je juge pas, on est de la même team), vous vous êtes en plus certainement abonné à des profils de personnes que vous voyez « faire » ce que vous voulez faire en story ou dans des posts, tous les jours ou presque, ce qui vous rappelle gentiment que vous, vous n’y êtes pas encore. Mais c’est pour bientôt ! A la rentrée, je vais changer, vous dites-vous presque convaincue.

Votre plan est parfait, il a du sens, vous le sentez bien. Vous le sentez d’autant mieux que vous avez adapté à votre réalité. Le miracle morning avec 1H de méditation, 30min de yoga et un flot de pensées avec votre rituel café, très peu pour vous, vous avez juste prévu la routine yoga. En théorie, ça va rouler.

... Et paf la résolution

Fast-Forward quelques semaines plus tard. Le plan parfait a du plomb dans l’aile, la version idéale de vous-même que vous aviez entrevue en dessinant votre plan parfait ne s’est pas encore installée, et vous voilà coincée dans cette version de vous-même que vous vouliez abandonner, vous savez, celle qui n’était pas « assez ».

Vous y ajoutez peut-être une petit dose de jugement : « encore raté », « c’est pas cette résolution-là que je mettrai en place », « je n’ai définitivement pas de volonté », « je suis nulle ».

SPOILER : vous n’êtes pas nulle, vous n’êtes pas incompétente, et vous n’êtes pas un cas désespéré.

SPOILER : Vous n'êtes pas nulle, ni un cas désespéré

Tout changement, même voulu profondément, entraîne un inconfort

Toute démarche de changement, comme celle de créer une nouvelle habitude : crée par définition un inconfort. Le changement introduit de la nouveauté, et notre cerveau, qui est souvent formidable mais qui est quand même des fois un vieux papi réac, le changement il aime moyen moyen. Le cerveau il veut s’économiser et gagner du temps, et pour ça il créé des programmes pour automatiser ses tâches et dépenser le moins d’énergie possible. Alors une nouvelle habitude, ce sont des nouvelles décisions à prendre, des nouvelles sensations à capter et à interpréter, que des inconnues pour papi cerveau, qui va trouver tous les moyens possibles pour vous faire croire que vous faites fausse route.

C’est là que vont arriver des pensées du genre « c’est pas si agréable que ça » (yoga), « ça me fait rien » (méditation), « c’est quand même super tendu niveau timing » (si vous avez entrepris un cours de Pilates), ces pensées c’est celles que le cerveau va vous proposer parce qu’il est en alerte changement. Le piège, c’est de croire ces pensées-là. De concevoir cet inconfort induit par le changement comme signe que la résolution que vous avez prise, elle est peut-être pas pour vous, dans le fond. Et la tentation de laisser tomber arrive au galop, puisque de toute façon vous ne faites pas assez, ou pas assez bien.

Sauf que si vous succombez à la tentation de laisser tomber, vous n’échapperez pas à l’inconfort. Parce que si vous avez pris une résolution c’est justement parce que vous vouliez remédier à un inconfort.
Donc abandonner l’inconfort pour retomber dans l’inconfort, ça ressemble pas vraiment à un bon calcul.
D’autant que vous allez ajouter à l’inconfort du statu-quo une bonne grosse vague d’auto-critique et de jugement qui n’arrangera rien à votre affaire.

Et c’est une bonne nouvelle !

Sauf que cet inconfort c’est précisément ce qui vous prouve que les choses sont en train de changer, et que vous êtes sur la bonne voie. Cette bataille interne entre votre motivation et le sentiment diffus de danger qui vient avec la nouveauté, c’est la clé.

Il est où le bug alors ? Le bug, il est dans le fait de partir de la vision idéalisée : le bug c’est de partir du résultat final, à savoir je médite au moins 10min par jour, je fais du yoga tous les matins avant le petit dej, je crie jamais dans le tunnel du soir, etc etc etc. 

Ca, c’est la fin. C’est l’objectif amitieux que vous allez atteindre à un moment donné. Mais pas la première semaine ni le premier mois.

Easy, tiger !

La solution c’est de commencer par le début. Ceci n’est pas une blague ! 

Le début, c’est le plus petit pas possible qui va en direction de votre objectif. Si vous voulez faire du yoga tous les jours, commencez par choisir UN jour de la semaine. Si vous voulez méditer 10 min par jour, commencez par UN type de situation qui sera votre déclencheur méditation.

Cette petite action, le premier petit pas qui nous emmène dans le bon sens, c’est le plus petit pas possible, celui qui nous met en mouvement. C’est celui qui vous rapproche de ce que vous voulez pour vous, qui fait augmenter votre curseur d’un cran.

Sur le chemin de votre objectif ambitieux, il y a mille pas. Si vous n’avez jamais randonné et que vous vous tapez direct l’ascension du Mont Blanc, ça va vous faire bizarre. En général ce qui est recommandé c’est de commencer par une petite rando pas très longue sans trop de dénivelé, histoire de tester ce que c’est que la rando et de se faire plaisir, et petit à petit d’augmenter la difficulté jusqu’à être cap de faire l’ascension dont on rêve.

Démarrer le cycle des émotions positives

Le plus petit pas possible est celui qui vous plonge dans l’inconfort du changement. C’est aussi celui qui vous créé les occasions de vous valoriser et d’éprouver les émotions agréables liées à la réalisation de ce changement que vous voulez pour vous

Et ça c’est la deuxième partie de la solution. De capitaliser sur les victoires, aussi petites soient-elles, et de faire démarrer le cycle des pensées et émotions positives associées au changement que vous voulez mettre en place. Tout ça pour court circuiter l’alerte changement de papi cerveau.

Décernez-vous des médailles. Noter sur un carnet ou sur un post it, sur un tracker d’habitude, qu’aujourd’hui, c’est fait. Prenez les 15 secondes nécessaires pour savourer la satisfaction de cette réalisation-là. JUSTE le temps d’une grande inspiration, et d’une grande expiration. Dites-vous Bravo. Et recommencez la prochaine fois.

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