#3 - 50 Nuances de Bien

Je vois beaucoup, autour de moi ou parmi mes clientes, des femmes qui se débattent avec leur perfectionnisme.
Moi-même, je me soigne (et on va pas se mentir, je crois que c’est le travail d’une vie !)

Et cette semaine j’avais envie de partager avec vous une clé qui m’a permis de vraiment avancer sur cette question du perfectionnisme parce qu’elle ma permis de vraiment appréhender différemment ma manière de définir ce que je considérais comme étant « bien » ou pas.

En voiture Simone, on va parler biais cognitifs et curseurs !

Les biais cognitifs

Comme je vous l’ai déjà expliqué dans les deux premiers épisodes du podcast, que je vous invite à découvrir si vous ne les avez pas encore écoutés, notre cerveau est une machine à donner du sens à ce que l’on perçoit.

Et comme il perçoit des milliers de stimuli simultanément, il s’arrange comme il peut pour donner le meilleur sens possible à notre environnement. Parfois, il peut être amené à prendre des raccourcis : les biais cognitifs. Un biais cognitif c’est une déviation, une distorsion dans le traitement d’une information qui permet de porter un jugement ou de prendre une décision de manière rapide. Quitte à généraliser, écarter certaines données.

Il existe un très grand nombre de biais cognitifs, et les neurosciences en mettent à jour de nouveaux au fur et à mesure de leur développement.

Le biais dichotomique (ou biais du noir et blanc)

 

Parmi ces biais cognitifs se trouve le biais du noir et blanc, ou raisonnement dichotomique. Il désigne la tendance naturelle à généraliser en simplifiant à l’extrême la réalité en la classant en fonction de deux extrêmes jugés comme contraires. Par exemple : c’est bien ou mal, négatif ou positif, utile ou inutile, bienveillant ou malveillant, réussi ou raté, etc.

Quand on est atteint de perfectionnite aigüe, notre biais dichotomique nous conduit extrêmement souvent à ranger nos actions dans deux cases : NUL ou PARFAIT. Cette simplification a, à mon sens, des conséquences plutôt fâcheuses. Attention : le perfectionnisme n’a pas QUE des conséquences dramatiques, il peut même constituer un sacré avantage notamment dans le domaine professionnel. Cela dit, en tant que miraculée du burn-out j’ai plutôt tendance à considérer le perfectionnisme comme un handicap qu’autre chose, en tout cas c’est le parti que je prends dans cet épisode.

 

 

Quand on est perfectionniste, notre biais dichotomique nous conduit à ranger nos actions et résultats dans deux uniques cases possibles : PARFAIT ou NUL

Les conséquences du perfectionnisme que je trouve dramatiques sont, entre autres, le fait que le perfectionnisme puisse entraîner un frein à l’action. Si je veux un résultat parfait, je vais certainement passer beaucoup de temps à préparer, planifier mon action au lieu de m’y mettre et d’ajuster le tir si besoin. Pire, je vais peut-être même me décourager avant même d’avoir commencé si je considère que je n’atteindrai jamais le résultat escompté. Une autre conséquence fâcheuse, c’est le potentiel déplaisir entraîné par le perfectionnisme. On va vouloir un résultat parfait et donc fournir beaucoup d’efforts, parfois sur des points de détails que d’autres ne remarquent même pas (je me rappelle avoir passé des heures et des heures sur des alignements de paragraphes et des cohérences d’animations de power point dont clairement personne à part moi ne se souciait). Sans compter les risques d’épuisement à fournir ces efforts-là. Dernier point et pas des moindres, l’usure de l’estime de soi opérée par la tendance à trouver ce qui ne va pas et qui n’est pas conforme à la projection idéale qu’on s’était faite.

On ne naît pas perfectionniste, on le devient

Le perfectionnisme, comme Obélix, on tombe dedans quand on est petit : c’est une manière de penser qui nous est transmise par nos parents. Plus largement par toutes les « grandes personnes » qui ont une influence notable sur nous quand on est petit. 

Peut-être au travers des jugements formulés sur nos actions ou comportements : « Ah t’as eu 17, mais pourquoi t’as pas eu 20? », « Il est très joli mon chéri ton dinosaure mais t’as vu t’as dépassé en coloriant la queue »… Peut-être aussi parce qu’eux-mêmes (l’un ou l’autre ou les deux) avaient une petite ou grande tendance au perfectionnisme et qu’on les a vus et entendus s’acharner sur tous les détails ou se flageller quand ils rataient. Peut-être encore parce qu’on a souvent entendu des expressions du genre « c’est ni fait ni à faire », ou « si c’est pour faire n’importe comment autant pas le faire du tout », etc etc…

Derrière ces jugements, ces expressions, il y a en filigrane ce biais du noir et blanc, ce raisonnement dichotomique. L’idée est très simple : il n’y a que deux options possibles, soit c’est bien, soit c’est nul. Soit c’est parfait, soit c’est nul. Avec cette idée de jugement du résultat vient aussi l’idée de la valeur de la personne à l’origine de l’action qui a produit ce résultat : soit elle a gagné soit elle a perdu, soit c’est une bonne personne soit c’est une mauvaise personne.

Cette catégorisation binaire, noir ou blanc, elle est très pratique pour notre cerveau parce qu’elle lui permet de « ranger » les infos qu’il perçoit très facilement, il s’économise, il garde son énergie pour ce qui est vraiment important, à savoir notre survie ou notre recherche de plaisir. D’autre part, le fait de pouvoir « ranger » les choses dans des catégories très simples et facilement identifiables peut contribuer à un sentiment de sécurité : on sait, on a compris.

Derrière le jugement binaire du résultat se cache le jugement de la personne à l'origine du résultat : soit c'est une bonne personne, soit c'est une mauvaise personne

50 Nuances de Bien

Mais, si je vous en parle aujourd’hui c’est que malgré ces avantages apparents pour notre bien-aimé cerveau et donc pour nous, ce type de raisonnement est problématique. L’action parfaite qui remplit tous les critères, et qui produit un résultat 100% conforme à la perfection, elle n’existe pas. C’est un mythe ! Et quand bien même à un instant T on a le sentiment d’avoir bien fait, si vous êtes comme moi adepte du perfectionnisme, il y a de très grandes chances que vous trouviez, a posteriori, plein de raisons de penser qu’en fait ce que vous pensiez avoir bien fait n’était pas si bien que ça.

La vie ce n’est pas noir ou blanc, ce sont toutes les nuances de gris entre les deux. La réalité, c’est tout et son contraire, en même temps. 

Le biais dichotomique, c’est bien parce que ça fait gagner du temps ET c’est pas bien parce que ça ne restitue pas l’entièreté d’une situation dans sa complexité.
Être perfectionniste, c’est utile parce que ça permet de produire des résultats de qualité dans ce qu’on entreprend ET c’est inutile parce que certains des éléments sur lesquels ont fournit des efforts ne sont pas indispensables et donc on perd de l’énergie et du temps pour pas grand chose.

Placer ses curseurs

Alors plutôt que de placer le curseur sur une vision idéalisée et donc mythifiée de ce que l’on veut, et de s’épuiser à lui courir après, autant apprendre à placer ses curseurs dans les nuances que l’on choisit. Pour cela, je préconise cette série de questions : 

  1. Qu’est-ce qui est absolument parfait pour moi ?
    Cette question va définir le « parfait » de votre curseur, ce que PAR DEFINITION vous n’atteindrez jamais mais ce vers quoi vous voulez tendre, un cran après l’autre
  2. Qu’est-ce qui est absolument inacceptable pour moi ?
    Ce que par définition vous n’atteindrez jamais non plus mais dont vous voulez vous éloigner le plus possible
  3. Quels sont les critères qui me suffisent pour juger que mon action ou mon comportement seront acceptables ?
    Et là, choisir des choses précises, factuelles. 2 ou 3 MAXIMUM qui vous permettront de dire que c’est OK.
    Pas parfait, pas admirable (parce que si ce sujet vous parle vous faites probablement partie de la team qui se trouve rarement admirable, pas satisfaisant non plus parce que idem si ce sujet vous parle il est possible que « satisfaisant » soit synonyme de parfait ou presque parfait. Acceptable, c’est bien.

Entre le nul et le parfait, il y a 50 nuances de BIEN. C’est à vous et personne d’autre de choisir la vôtre, de placer le curseur là où il vous va bien, là où il vous permet de vous féliciter, de laisser entrer de la satisfaction et de la gratitude. 

Et quand vous serez prête, et si vous en avez envie, vous serez toujours à temps de relever un peu le curseur si c’est ce que vous choisissez pour vous.

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